Le 29 novembre 2025, lors d’un nouvel événement parrainé par la Grande Loge Nationale Portugaise (GLNP), membre actif de l’Association Architecture et Patrimoine Maçonnique (AAPM), plus de quatre dizaines de visiteurs se sont alignés devant le  portail de fer du Cimetière des Prazeres.
La brume légère qui flottait sur Lisbonne semblait garder, avec une discrétion ancienne, le silence des siècles.
Le lieu s’ouvrit devant eux comme un livre de pierre, où chaque page s’écrit en marbre et en mémoire.
En traversant le long corridor de cyprès, ces arbres que le temps a adoptés comme gardiens des morts, ils avancèrent en direction du monumental mausolée des Ducs de Palmela.
La pyramide, avec ses colonnes sévères et le pavement en damier qui mène au portique, se dressa devant les visiteurs comme un véritable temple symbolique.
La géométrie élevée en ce lieu rappelle, à qui sait voir, l’éternelle tension entre Lumière et Ténèbres, Vie et Mort, Terre et Esprit, la dialectique primordiale gravée dans l’architecture funéraire.
Poursuivant leur chemin par des galeries étroites, ils atteignirent des mausolées à la symbolique plus réservée, érigés entre les années trente et cinquante, lorsque l’expression Maçonnique exigeait discrétion.
Là, des triangles voilés, des dispositions géométriques de pierre, des faisceaux de lumière suggérés et des pavements discrètement figurés révélèrent aux visiteurs le langage silencieux de la Tradition, la présence symbolique cachée au regard profane, mais évidente pour qui connaît l’alphabet des symboles.
La visite les mena ensuite au tombeau de Sarah de Mattos, dont la pierre tombale, profondément chargée de sens et de tragédie, éveilla des réflexions intimes en chacun. Les figures gravées, le Delta rayonnant, le compas et l’équerre, la couronne végétale sans fin, la rose blessée, composent un langage symbolique qui interpelle la conscience et convoque des valeurs plus hautes, Justice, Vérité, Mémoire. Cet espace ne relate pas seulement une histoire de douleur, il appelle silencieusement à la responsabilité éthique des vivants envers ceux qui sont déjà partis.
En parcourant d’autres allées, des anges sombres, des sabliers ailés, des flammes éternelles et des géométries discrètes révélèrent aux visiteurs la présence continue d’un langage spirituel qui traverse le siècle et se perpétue dans la Pierre. Chacun interpréta ces signes à sa manière, dans un dialogue intime avec le passé et avec sa propre intériorité.
À la fin de la visite, réunis dans une large clairière intérieure, sous la lumière oblique du crépuscule qui se projetait sur les marbres anciens, ils se recueillirent dans un bref silence. Non pas un silence vide, mais un silence rempli de l’écho de tout ce que la pierre leur avait dit. Là, entre tombes et cyprès, chaque visiteur reconnut, sans qu’aucune parole ne fût nécessaire, l’importance de la mémoire, de la continuité et de la réflexion sur le chemin Initiatique.
Ils quittèrent le cimetière avec la certitude que la visite ne s’était achevée que sur le plan physique. Ce que chacun emporta avec lui -la lecture des symboles, la vibration du lieu, la communion silencieuse avec l’histoire- demeurera comme un fragment de Lumière pour la route à venir.